Bilan du volet numérique du programme Facsimile
L’objectif scientifique du volet numérique du programme Facsimile visait à renouveler les savoirs sur la peinture étrusque par l’utilisation des humanités numériques.
Le portail commun des fonds graphiques modernes (calques, facsimilés peints, aquarelles) sur la peinture étrusque, prend place au sein de la base de données ICAR (Iconographie et Archéologie pour l’Italie préromaine, ISSN 2491-2301) sur le site de Huma-Num (http://icar.huma-num.fr) et présente un corpus de 1083 œuvres. Cette action d’interopérabilité des données a associé les différents sites web des institutions propriétaires des reproductions graphiques (Deutsches Archäologisches Institut ; Svenska Institutet de Rome, Università La Sapienza à Rome ; Ny Carslberg Glyptotek de Copenhague ; Museum of Fine Arts de Boston ; Bibliothèque nationale de France ; Bibliothèque de l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris ; Institut national d’Histoire de l’Art ; Bibliothèque municipale de Nancy). Ont été enregistrés les fonds des architectes français du XIXe siècle, qui comptent 77 dessins (18 à la Bibliothèque nationale de France ; 19 à la Bibliothèque de l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris ; 24 à l’Institut national d’Histoire de l’Art ; 8 à la Bibliothèque municipale de Nancy ; 8 au Musée d’Orsay) ; les 134 relevés commandés par l’Institut de Correspondance archéologique à Rome, les 486 documents liés à la création du Helbig Museum de la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague, avec les fonds conservés aujourd’hui à Rome (318 au Svenska Institutet de Rome), Boston (34 au Museum of Fine Arts), Copenhague (134 à la Ny Carlsberg) et les 61 planches du Museo delle Antichità etrusche ed italiche de la Sapienza Università à Rome. Le recrutement de trois jeunes docteurs, Andrea Grazian, Marlène Nazarian et Laetitia Prieto-Luley, ont permis l’enregistrement de ces 758 fiches sur la base ICAR qui viennent s’ajouter aux 325 fiches de la collection Augusto Guido Gatti de Florence, mises en ligne par Annick Fenet.
Fig. 1 : Mise en relation d’ICAR et du site du Museo delle Antichità etrusche ed italiche, de la Sapienza Università à Rome pour une des aquarelles d’Elio D’Alessandris.
Le programme a d’autre part élaboré une interface permettant d’associer ces collections de dessins et peintures modernes à une modélisation 3D des tombes antiques. L’outil créé par Alban-Brice Pimpaud (Archeo3D) a été expérimenté pour deux tombes de Tarquinia, appartenant à des époques différentes et ayant connu des vicissitudes diverses. Il s’agit de la tombe delle Bighe, d’époque archaïque, aujourd’hui déposée au musée national de Tarquinia et dont les scènes figurées sont très dégradées et peu lisibles; et de la tombe dell’Orco, dans la nécropole Monterozzi, chef-d’oeuvre étrusque de l’époque classique et fermée au public pour des raison de mauvaise stabilité géologique.
En collaboration avec le RnMSH, la MSH Val de Loire, l’École française de Rome, le CeTHiS et le mécénat ARPAMED, une campagne lasergrammétrique (exécutée par Jean-Philippe Corbellini, MSH VdL) et photogrammétrique (A.-B. Pimpaud) a permis d’élaborer une modélisation 3D de ces deux tombes, mise à disposition de la surintendance archéologique italienne. A.-B. Pimpaud a ensuite associé à chaque paroi peinte les nombreux calques, facsimilés peints et aquarelles, produits en Italie, France, Danemark et Allemagne entre 1830 et 1992, soit 124 œuvres pour la tombe dell’Orco et environ 200 pour la tombe delle Bighe. L’outil permet de rassembler le corpus de ces œuvres dispersées et de pouvoir les comparer entre elles ou avec les fresques dans leur état actuel. Nous pouvons donc apprécier ce que ces dessins et peintures apportent à la reconstitution du texte iconographique des deux tombes. Cet outil scientifique d’exploration virtuelle, intitulé ICAR 4D, associant la modélisation 3D et la dimension chronologique de la succession des reproductions graphiques à l’époque moderne, est utilisable en ligne: http://icar.huma-num.fr/4D/
Fig. 2 : Accueil de l’interface d’ICAR 4D
Un film documentaire, Couleurs étrusques. Regards croisées sur la peinture étrusque, écrit par Natacha Lubtchansky et Camille Prieux, filmé et monté par Jean-Philippe Corbellini à la MSH Val-de-Loire, illustre les objectifs du programme et le déroulement de la campagne de documentation en Italie. Il est diffusé sur Canal U et sur la chaîne d’ARPAMED.
La tombe dell’Orco a aussi fait l’objet d’un riche travail de divulgation scientifique : une visite guidée grand public permet de visiter cette tombe, qui n’est pas ouverte dans le parcours touristique de Tarquinia. Elle offre des informations historiques sur le site archéologique et l’évolution de la tombe dans l’Antiquité, explique le programme iconographique sophistiqué des scènes figurées et présente les différentes campagnes de relevés et de copies depuis sa découverte en 1868 jusqu’en 1992.
Fig. 3 : Accueil de la visite guidée de la tombe dell’Orco
Un volet est consacré au militaire français, Léonce de Beaufort, qui a probablement mis au jour la tombe dell’Orco en 1868 et sur sa collection archéologique, conservée en Région Centre. Une exposition présentant pour la première fois cette collection aura lieu à l’automne 2022 au musée George Sand et de la Vallée noire de La Châtre, intégrant aussi la visite virtuelle de la tombe dell’Orco.
Fig. 4 : La collection de Léonce de Beaufort présentée dans la visite guidée sur la tombe dell’Orco
Une petite vidéo de quelques minutes, diffusée sur les chaînes d’Archeo3D et d’ARPAMED, propose enfin une visualisation de la projection de quelques dessins sur la modélisation 3D et permet d’apprécier l’apport scientifique du programme.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Natacha Lubtchansky (7 septembre 2022). Bilan du volet numérique du programme Facsimile. Fac - Simile. Consulté le 8 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ood2